Les riches Français plébiscitent les assurances vie luxembourgeoises

Les assurances vies du grand-duché font un carton auprès des épargnants tricolores, qui y ont déjà placé – en toute légalité – plus de 50 milliards d’euros.

Les « assurances vie luxembourgeoises ». Si vous n’avez pas, a minima, 100 000 € à placer, c’est une certitude, votre banquier ne vous en a jamais parlé ! En revanche, les gestionnaires de fortune n’hésitent pas à vanter les atouts de ces assurances vie gérées par des sociétés basées au grand-duché : protectrices en cas de crise pour les plus gros portefeuilles, disposant de nombreux produits financiers, gérables en plusieurs devises…

Les épargnants aisés français raffolent de cette spécialité luxembourgeoise. « La France est le premier client de l’assurance luxembourgeoise. Avec un encours (un total, NDLR) de 53,66 milliards d’euros (Mds€), elle devance largement l’Italie qui devient le nouveau numéro 2 avec 24,58 Mds€», relèvent les autorités de contrôle des assurances luxembourgeoises, dans un récent rapport. Il y a même cinq fois plus d’argent français dans des assurances vies luxembourgeoises que d’argent d’origine… luxembourgeoise.

« 53 milliards d’encours, ça ne représente qu’entre 3 et 4 % des encours des assurances vie françaises », tempère un assureur français. Certes, mais le mouvement ne cesse de prendre de l’ampleur. Avec une année 2017 euphorique : 7,7 Mds€ d’épargne ont, en net, passé la frontière. « C’est un phénomène qui s’amplifie et devient durable », note Vincent Cudkowicz, directeur général de bienprevoir.fr. Selon le patron de ce site Internet spécialisé dans les placements, au moins 300 épargnants – ayant au moins 500 000 € à placer – se renseignent sérieusement, chaque mois, sur ces produits financiers.

En France, « l’épargnant n’est protégé qu’à hauteur de 70 000 euros »

Comment expliquer cette fièvre luxembourgeoise ? Les Français chercheraient-ils à filouter le fisc français ? « Ce n’est pas une question d’impôt, la fiscalité française s’applique sur les assurances vie luxembourgeoises. Ces épargnants cherchent au contraire une plus grande protection », assure Vincent Cudkowicz. Et de préciser : « Là où en France, en cas de faillite, l’épargnant n’est protégé qu’à hauteur de 70 000 €, au Luxembourg, la protection est illimitée. »

L’argument « Luxembourg = sécurité » a fait réfléchir nombre d’épargnants, notamment à la suite de deux événements. D’abord, la loi Sapin II (votée fin 2016) qui permet aux autorités de bloquer, temporairement, les fonds des assurés en cas de difficultés rencontrées par leur assureur. Ensuite, l’élection présidentielle, où s’est invité le débat sur un éventuel « Frexit », une sortie de la France de la zone euro. « Les clients ont en tête l’idée que la France est un pays instable. Donc, sortir une partie de leur argent du territoire n’est pas idiot », souligne François Leneveu, président d’Altaprofits, un e-courtier proposant ce genre de produits.

D’autres facteurs jouent. « Les cessions d’entreprise se sont multipliées depuis deux ans, notamment dans les nouvelles technologies. Ces entrepreneurs qui viennent de vendre leur boîte se retrouvent avec des actifs conséquents », souligne François Leneveu, Président d’Altaprofits.

D’autant que le grand-duché est aussi spécialisé dans les montages financiers pour les chefs d’entreprise, comme le remarque, Christian Eckert, ancien secrétaire d’État au budget et ex-député de Meurthe-et-Moselle : « Les relations entre les gros patrimoines et le Luxembourg se sont fortement développées ces cinq ou dix dernières années. Dans ma région, un chef d’entreprise sur deux y a installé une holding ou même sa société. » Pas étonnant, donc, qu’une partie de ces entrepreneurs confient une partie de leur argent à leurs banquiers luxembourgeois.

Source : Le Parisien

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